La diversité des plantes protège les glissements de terrain

Les glissements de terrain provoquent régulièrement d’importants dommages en Suisse. Un rapport de l’Institut fédéral de recherches WSL informe sur la façon d’améliorer la stabilité des sols à long terme, sans dépenses et efforts excessifs. Une exploitation forestière adaptée et une couverture végétale diversifiée contribuent fortement tout en étant économiques.

Rutschungen bei Oberiberg SZ nach dem Unwetter vom 20. Juni 2007
Fig. 1 – Glissements près d’Oberiberg SZ, après les intempéries du 20 Juin 2007.
Photo: Christian Rickli (WSL)

L’érosion et les glissements superficiels mettent en danger les êtres humains, les bâtiments et les voies de communication. Au cours des 20 dernières années, différents évènements de ce type survenus en Suisse ont entraîné jusqu’à 100 millions de francs de dommages, et même fait des victimes,. Avec les changements climatiques, il faut s’attendre à des intempéries extrêmes plus fréquentes, et donc à des glissements superficiels plus nombreux.

Au sein d’un projet dans le cadre du programme national de recherche Utilisation durable de la ressource sol  du Fonds national suisse (FNS), une équipe de scientifiques de l’Institut fédéral de recherches WSL et de l’École polytechnique fédérale ETH a donc étudié comment la végétation, notamment la forêt, influence la stabilité des versants, et comment les glissements de terrain peuvent être mieux prévus et,si possible, évités avec des moyens simples et économiques.

Les chercheurs se sont concentrés sur les mesures biologiques, c’est-à-dire les plantes et champignons de racines (mycorhiziens), car ils jouent tous deux un rôle central dans la stabilisation du sol. Pour cette étude, l’équipe de recherches s’est appuiée sur une banque de données documentant en détail plus de 700 glissements. Cette analyse a été complété par des expériences sur le terrain et en laboratoire : l’équipe a comparé différentes structures forestières et étudié à l’aide d’appareil de cisaillement construit à cet effet quelles sont les forces qui déclenchent des glissements des sols, en tenant compte du degré de couverture végétale.

Sur la base de ces travaux, les chercheurs ont réussi à combiner mécanique des sols, impact stabilisateur des plantes, formes d’exploitation forestière et utilisation des terres dans un nouveau concept. Grâce à un procédé simple, ils peuvent désormais expliquer les glissements de terrain dans des zones boisées. Il est possible d’en déduire la façon dont doit être constituée la végétation pour offrir la meilleure protection contre les glissements superficiels.

La diversité des espèces et des structures en surface et sous terrain améliore la stabilité du sol
Fig. 2 – La diversité des espèces et des structures en surface et sous terrain améliore la stabilité. Il faut également prendre en compte un troisième facteur, la succession, c’est-à-dire la diversité des stades de développement.
Croquis : V. Graf-Morgen, 2016

Les champignons des racines renforcent la stabilité des versants

Rutschung in einer Waldlücke
Fig. 3 – Des clairières de plus de 20 mètres de long dans le sens de la plus grande pente sont critiques.
Photo: Ulrich Wasem (WSL)

Ce sont surtout les forêts riches en espèces, avec une structure variée de racines et des arbres de tailles et d’âges différents qui améliorent la stabilité du sol. L’étude a également montré que des versants dont la couverture végétale et la constitution des racines sont optimales peuvent être stables avec des déclivités jusqu’ à 5 ° supérieures aux versants nus. Par contre, des clairières de plus de 20 mètres de long dans le sens de la plus grande pente sont critiques. Les champignons mycorhiziens, c’est à dire des champignons vivant en symbiose avec les plantes et les arbres, peuvent renforcer l’action stabilisatrice des plantes. On les utilise donc idéalement dans le cadre de plantations et reboisements.

L’entretien de la forêt – une mesure de protection efficace

Les chercheurs ont estimé les coûts de l’entretien des forêts dans l’optique d’une protection optimale contre les glissements superficiels, et ceci pour les intempéries séculaires à Sachseln en 1997. Ils les ont comparés au montant total des dommages de l’époque, soit environ 120 millions de francs. Ils sont arrivés à la conclusion suivante : si 10 à 25 % du montant de ces dommages étaient investis dans l’entretien de la forêt, cela suffirait de prendre soin de cette forêt de façon à ne pas causer de dégâts majeurs durant un siècle.

Dans le rapport diffusé aujourd’hui, les résultats ont été synthétisés pour l’application pratique. Il contient des descriptions détaillées des expériences et des calculs et donne des recommandations concrètes pour l’entretien des forêts et l’utilisation des sols. Ce rapport a pour objectif d’assister les forestiers et autres spécialistes ou personnes intéressées lors de la planification de mesures d’ingénierie biologique et d’exploitation forestière.

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